Novembre 2019

Miserere mei quia peccavi. Ayez pitié de moi, parce que j'ai péché. (Ps 50)

“Celui qui n'a pas pleuré sur lui-même n'a pas commencé à se connaître”. Bx Vladimir Ghika

Chers amis membres de la Confraternité Saint-Pierre,

La reconnaissance humble et lucide de nos péchés est une grâce que nous avons je crois souvent du mal à apprécier. Il arrivera un jour, et ce mois des morts nous le rappelle, où tout sera révélé de notre vie. Dies irae, dies illa. Tous nos péchés les plus cachés et les plus enfouis seront alors rendus publics. La vérité apparaitra sans fard sur ce que nous sommes vraiment, c'est-à-dire de pauvres pécheurs -et moi le premier d'entre vous- qui ne devront leur salut qu'à la bonté infinie de Dieu qui a pour cela envoyé son Fils offrir sa vie sur la croix. Non pas que nous n'ayons rien fait de bien dans notre vie (et cela sera aussi montré, comme le sera également la grâce qui aura toujours précédé et accompagné nos bonnes actions), mais parce que nous avons souvent été infidèles, égoïstes, jaloux, rancuniers, peu charitables ou durs avec notre prochain dans lequel nous n'avons pas su ou pas voulu reconnaitre le visage du Christ (tout ce que vous aurez fait au plus petit d'entre les miens...). Et si nous sommes sauvés, ce qu'il faut bien sûr espérer avec la grâce de Dieu, la bonté de Dieu en sera alors encore plus manifeste!

La liturgie qui est la nôtre, véritable école qui nous enseigne comment nous adresser à Dieu, nous apprend à nous tenir devant lui en vérité ; c'est-à-dire à nous tenir à notre petite place, avec humilité. Regardons par exemple la Messe où l'Église nous fait si souvent demander à Dieu d'avoir pitié de nous: cela commence avec le Confiteor des prières au bas de l'autel, se poursuit avec le Kyrie où neuf fois nous le lui demandons, vient ensuite le Gloria (qui tollis peccata mundi, miserere nobis), puis l'Agnus Dei, et encore le Domine non sum dignus avant la communion. Et ce sans oublier les nombreuses prières où le prêtre s'affirme, au bas de l'autel encore, puis à l'autel comme pécheur et demande à Dieu d'ôter de son âme toutes les iniquités qui sont les siennes. Car le prêtre est comme chaque personne ici-bas un pauvre pécheur. Et vos prêtres de la FSSP aussi.

La liturgie des défunts, dans sa forme traditionnelle, est elle aussi toute tournée vers la miséricorde de Dieu et l'aveu de notre misère sur laquelle Dieu est venu se pencher; car c'est elle seule, la miséricorde divine, qui nous obtiendra le repos; et notre liturgie donc des défunts ne cesse de supplier Dieu, avec une grande confiance et une grande paix, d'avoir pitié de celui qui vient de lui rendre son âme: Non intres in judicium cum servo tuo.... n'entrez pas Seigneur en jugement avec votre serviteur...

Cette reconnaissance humble de notre pauvreté est loin d'être une sorte d'autoflagellation comme si nous prenions plaisir à nous abaisser et à nous dénigrer; elle est tout simplement le regard lucide sur lui-même de celui qui se sait être un pauvre pécheur ; aimé certes de Dieu infiniment, mais pauvre pécheur tout de même qui aura toujours trop peu rendu. Et les plus saints d'ailleurs étaient ceux qui en étaient le plus persuadés, comprenant trop bien la grandeur et la bonté infinie de Dieu auxquelles ils ne pouvaient répondre que par défaut. Et ils ne mentaient pas quand ils se considéraient, eux pourtant de grands saints, si petits devant Dieu.

C'est pourquoi en ce mois des morts, il est bon de prier pour nos défunts et pour les âmes du purgatoire qui ne fanfaronnent plus du lieu de vérité où ils se trouvent. Et n'oublions pas que nous sommes ce que nous sommes devant Dieu. Seul lui sonde les reins et les cœurs et connait la pureté de nos actions.

Que le regard sur nous en vérité, tel que Dieu nous voit, nous donne ce mois-ci de pratiquer tout simplement un peu l'humilité. Acceptons parfois d'être un peu humiliés, dénigrés, remis en place ou laissés de côté. Non pas que cela soit toujours juste; mais l'acceptation de ces situations douloureuses est un bon moyen de montrer à Dieu que nous savons que nous méritons un peu d'être abaissés. Et mieux vaut l'être ici qu'après cette vie.

La Messe à vos intentions sera célébrée ce mois-ci le 7 novembre. Le 5 novembre, comme chaque année, les plus de 300 prêtres de notre Fraternité célèbreront une messe de Requiem pour tous les membres défunts de la Fraternité et de la Confraternité Saint-Pierre.

 

Nouvelles de la Fraternité

Au début du mois d'octobre, l'abbé Arnaud Evrat, assistant du Supérieur général s'est rendu au Congrès d'Una Voce en Andalousie. Il était accompagné de l'abbé Jose Calvin Torralbo, professeur, de nationalité espagnole, au séminaire de Wigratzbad.

Le 19 octobre dernier, 24 séminaristes étaient tonsurés et recevaient la soutane. 15 pour le séminaire de Wigratzbad, et huit pour celui de Denton aux Etats-Unis.

Le 26 octobre, Mgr Schneider a ordonné prêtre l'abbé William Rock dans la paroisse de la l'abbé Berg à Providence aux Etats-Unis.

Dans le district d'Allemagne, un nouvel apostolat sera ouvert bientôt dans le diocèse d'Essen à Oberhausen-Styrum : à partir du 12 janvier 2020, la messe y sera célébrée tous les jours dans l'église saint Joseph. 

Si Dieu veut, les prochaines ordinations sacerdotales seront:

- le 29 mai à Lincoln (quatre prêtres)

- le 20 juin en Australie à Sydney (deux prêtres)

- le 20 juin à Wigratzbad en France (quatre prêtres)

- le 27 juin à Laon (trois prêtres)

- le 31 juillet au Mexique (un prêtre)

Seigneur donnez-nous beaucoup de saints prêtres!

 

Vous trouverez sur ce lien la dernière Lettre aux amis du séminaire de Wigratzbad.

 

La Fraternité Saint-Pierre au Viêt-Nam, par l'abbé Laurent Demets

Ninh Bình ! C’est dans cette province du Nord Viet Nam que l’on appelait jadis le Tonkin oriental, que la Providence a permis que soit établi le premier pied-à-terre de la Fraternité Saint Pierre en Asie. Il faut remercier pour cela les moines cisterciens de Châu Sơn qui m’ont accueilli chaleureusement en leurs murs. Ce monastère manifeste la vitalité de l’Église du Viet Nam. Fondé dans les années 1930 dans le cadre enchanteur de ce que l’on appelle la baie d’Halong terrestre, entouré de rizières et de montagnes calcaires, le monastère a connu une période de déclin à partir de 1954. Le régime de Hanoi ayant adouci sa politique anti-religieuse, le monastère connait un renouveau depuis une quinzaine d’années et compte une centaine de moines d’une moyenne d’âge très jeune.

                Le Tonkin ! Terre bénie de Dieu car terre de martyrs. Et puisque « le sang des martyrs est semence de chrétiens » (Tertullien), il ne faut pas s’étonner de voir au nord Viet Nam une petite chrétienté : séminaires et noviciats plein à craquer, constructions de nombreuses églises, taux de pratique très élevés : les églises se remplissent dès 5h du matin, et même plus tôt encore dans les campagnes. Visitant un jour une paroisse avec l’ancien archevêque de Hanoi qui demeure maintenant au monastère, ce dernier me racontait que tous les habitants du lieu comptent un martyr parmi leurs ancêtres, ce dont ils sont fiers.

C’est un héritage dont il faut se montrer digne. En arrivant au pays, j’avais bien conscience de marcher dans les pas de géants de la foi. Ce sont ces pionniers du Christ, ces bâtisseurs de la Foi, ces apôtres infatigables que rien ne pouvait ébranler qui ont tracé la route que j’emprunte aujourd’hui avec des sentiments de gratitude et de piété filiale. Et je compte sur vos prières pour que je puisse m’en montrer digne.

Qu’en est-il de l’apostolat de la Fraternité Saint Pierre au Viet Nam ? Je dirais qu’il est dans un état embryonnaire. Je demeure au monastère où j’enseigne le français et l’anglais aux novices et profès temporaire. Le prieur du monastère a exprimé son souhait de me voir un jour célébrer la messe de communauté. Il me faudra d’abord former quelques frères au service de messe pour la forme extraordinaire. J’ai par ailleurs un réseau de contacts de jeunes catholiques vietnamiens qui sont intéressés par la liturgie traditionnelle. Beaucoup ne l’ont encore jamais vu, et apprennent déjà à servir la messe ou à chanter le grégorien, internet offrant pour cela de nombreuses ressources. J'ai eu l’occasion de célébrer une messe à Biên Hoa, dans le sud à côté de Saigon. Et d'y recevoir les premiers membres de la Confraternité !

Tout reste donc encore à faire avant de pouvoir ouvrir un apostolat stable au Viet Nam. Certes, il y a de nombreux points positifs et encourageants. Il y a aussi des obstacles énormes à franchir. Mais le Christ n’a-t-Il pas promis qu’avec la foi nous pourrions déplacer les montagnes ? Aussi je vous demande vos prières, chers membres de la Confraternité Saint Pierre, pour soutenir cet apostolat en Asie. Et grâce à votre aide, j’espère pouvoir vous donner bientôt de bonnes nouvelles.

Merci du fond du cœur !

 

Abbé Laurent Demets, FSSP

 

 

 

 

 

Messe à Biên Hòa et réception des premiers membres de la Confraternité au Việt Nam !
Deo gratias!